Jubilés de Cheik FITA. Bahati Lukwebo, Paul Nsapu et Abbé Mpundu rappellent l’esprit de la CNS

Jubilés de Cheik FITA. Bahati Lukwebo, Paul Nsapu et Abbé Mpundu rappellent l’esprit de la CNS

 

Kinshasa, le 24 novembre 2024

Par Travis Vilar

Après le lancement à Tokyo le 26 octobre dernier, des cérémonies de commémoration des Jubilés de platine de naissance et de 50 ans d’écriture de l’écrivain congolais vivant à Bruxelles Cheik FITA, une messe solennelle a été célébrée dans le même cadre, le dimanche 24 novembre 2024 à l’église Sainte Anne de Gombe à partir de 14h00, par l’Abbé José Mpundu.

Plusieurs personnalités ont réhaussé de leur présence cette commémoration dont Modeste Bahati, 2è vice-Président du Sénat et Paul Nsapu, Président du CNDH, Commission Nationale des Droits de l’Homme.

Durant son homélie, l’abbé Mpundu a planché sur la notion de Roi car c’était le jour de la célébration de Christ Roi. « Cheik FITA, tu es un Roi n’est-ce pas ? », lancera-t-il.

Comme dans l’évangile, Roi dans le sens du Christ, non pas Roi dans le pouvoir matériel, du monde. Roi dans un sens plus élevé.

L’abbé Mpundu a rappelé le parcours de Cheik FITA : un parcours de 50 ans !

Lors de son témoignage, le Professeur Bahati a renchéri sur le parcours de Cheik FITA qui avec sa plume, depuis la CNS a participé à tous les combats pour l’avènement de la démocratie et le bien-être du plus grand nombre selon la vision du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi à savoir : « Le Peuple D’abord ».

Paul Nsapu du CNDH enfoncera le clou en rappelant ce qu’était l’esprit de la CNS, Conférence Nationale Souveraine à savoir plus de démocratie, plus de droits de l’homme. Hasard de situation ? Durant les années 90, Paul Nsapu, Modeste Bahati, Abbé Mpundu et Cheik FITA furent parmi les grands combattants pour l’avènement de la démocratie et surtout lors de la CNS.

En cette période où la RD Congo semble glisser vers des problématiques similaires à celles de la période de la CNS, le culte de ce jour fut à maints égards interpellant.

En clôture du culte, l’abbé Mpundu lira un message rédigé expressément à l’intention de Cheik FITA. Il y recommandera à l’écrivain de rester « libre » et de ne pas céder au miroitement des biens matériels.

Après la messe, un cocktail a été offert aux participants, et l’écrivain Cheik FITA s’est brièvement adressé à la presse présente, répondant une dizaine de questions.

La commémoration des Jubilés de Cheik FITA durera deux ans sous la thématique : « Promouvoir la lecture du livre congolais, promouvoir le théâtre classique congolais ».

Ci-dessous, le message de l’Abbé Mpundu à Cheik FITA

Je te souhaite

Je te souhaite

de ne pas réussir ta vie.

Je te souhaite de vivre

autrement que les gens arrivés

Je te souhaite de vivre

la tête en bas

et le cœur en l’air,

les pieds dans tes rêves

et les yeux pour entendre.

Je te souhaite de vivre

sans te laisser acheter par l’argent.

Je te souhaite de vivre

debout et habité.

Je te souhaite de vivre

le souffle en feu,

brûlé vif de tendresse.

Je te souhaite de vivre

sans titre, sans étiquette,

sans distinction,

ne portant d’autre nom

que l’humain.

Je te souhaite de vivre

Sans que tu aies rendu quelqu’un

victime de toi-même.

Je te souhaite de vivre

sans suspecter

ni condamner

même du bout des lèvres.

Je te souhaite de vivre

sans ironie

même contre toi-même.

Je te souhaite de vivre

dans un monde

sans exclu,

sans rejeté,

sans méprisé,

sans humilié,

ni montré du doigt,

ni excommunié.

Je te souhaite de vivre

dans un monde

où chacun aura le droit

de devenir ton frère

et de se faire

ton prochain.

Un monde

où personne ne sera rejeté

du droit à la parole,

du droit d’apprendre à lire

et de savoir écrire.

Je te souhaite de vivre

dans un monde

sans croisade,

sans inquisition,

sans saint-office,

ni chasse aux sorcières.

Je te souhaite de vivre

libre,

dans un monde libre,

d’aller et de venir,

d’entrer et de sortir,

libre de parler librement

dans toutes les églises,

dans tous les partis,

dans tous les journaux,

à toutes les radios,

à toutes les télévisions,

à toutes les tribunes,

dans tous les congrès,

à toutes les assemblées,

dans toutes les usines,

dans tous les bureaux,

dans toutes les administrations.

Je te souhaite de parler

non pas pour être écouté

mais pour être compris.

Je te souhaite

de vivre

l’inespéré,

c’est dire

que je te souhaite

de ne pas réussir ta vie.

(Debruyne, J., Vivre. Compagnon du chemin des

croyants, Ed. Desclée, 1979, p. 116-117)

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